Bill Gates l’avait annoncé depuis 1996 alors qu’internet commençait à peine à se répandre « content is king » ou « le contenu est roi », mais on ne savait pas encore comment s’y prendre ni quelle stratégie adopter pour développer ce contenu. Aujourd’hui, certains pensent toujours qu’il est facile de se faire une place sur le marché en se contentant de lancer slogans et des descriptions alléchantes de leurs produits et services …
Pourtant, dans le monde du marketing et du marketing digital plus particulièrement, on recherche plus que jamais de quoi attirer l’attention du client et de se démarquer des autres; allant au-delà même de la qualité du produit ou du service proposé, les consommateurs sont à la recherche de rigueur et d’argumentation qui parlent à leur intelligence autant que de messages phares. On est à l’ère du consommateur connecté et averti, qui, en deux trois clics, en consultant des sites comparateurs ou les avis d’autres utilisateurs devient expert en sa matière.
L’entrepreneur qui veut gagner en visibilité croit souvent à tort qu’un site internet résoudra son problème. Mais sans stratégie de communication en ligne et sans un contenu de qualité, il est difficile d’atteindre ses objectifs en termes de communication digitale. Pour asseoir sa réputation numérique, l’entreprise a forcément besoin de professionnels de l’écrit, information que nous confirme Jeanne Bordeau fondatrice d’un institut spécialisé dans l’accompagnement des entreprises à l’amélioration de la qualité de leur communication « le numérique a élargi l’utilisation de l’écrit. Sur les réseaux sociaux, les plaquettes publicitaires, dans les argumentaires commerciaux… il faut désormais organiser le discours. Beaucoup de sociétés créent de véritables rédactions internes, souvent appelées « newsrooms »
Parce que le développeur web ne saura à lui seul mettre en valeur un site d’entreprise devant une clientèle de plus en plus avertie. Un site internet reste la base d’une stratégie qui reste à compléter aux moyens de blogs, réseaux sociaux, référencement etc…. L’appel aux professionnels de l’écrit devient une nécessité pour se démarquer.
Selon un article paru chez Capital reprenant les chiffres du Centre d’études et de recherches sur les qualifications (Céreq) concernant le bilan de l’insertion professionnelle des diplômés en Lettres et Sciences Humaines en 2007 en France, 81% des diplômés avaient un emploi trois ans après la fin de leur cursus, dont une majorité de contrats précaires et de postes en-deçà de leur qualification.
En France, l’opération Phénix a été lancée en 2006, elle permet aux étudiants inscrits en master de recherche (ou aux diplômés jusqu’à deux ans après l’obtention de leur master) de postuler pour un emploi en CDI ou en CDD dans une grande entreprise, en bénéficiant la première année d’un contrat de professionnalisation (formation en alternance) débouchant sur le master professionnel « Métiers de l’entreprise » délivré par l’université Paris-Sorbonne.
La tendance est à l’adaptation des diplômes existants au marché de l’emploi, en attendant de transformer en profondeur le système éducatif et les cursus de formation.
Dans le cas des départements de langues, l’heure est donc à l’adaptation des compétences rédactionnelles aux besoins du marché digital; des masters en marketing digital émergent un peu partout ainsi que des spécialités de plus en plus adaptées aux besoins de notre ère digitale .
C’est dans ce sens que l’université de Bordeaux a créé la formation « comprendre le transmedia storytelling », que la Sorbonne dispose d’institut de communication et des médias spécialiste de la sémiologie, et que l’université de Reims a créé la filière « gestion multilingue de l’information ».
Selon Jeanne Bordeau : Les diplômés de lettres, de philosophie, de sciences humaines disposent « d’une solide culture générale, de vraies capacités de synthèse et d’analyse, mais surtout d’une sensibilité humaine et d’une créativité qui peuvent faire défaut aux esprits plus scientifiques ». Des grands groupes comme Allianz, AXA, HSBC, Coca-Cola Entreprises, L’Oréal, Leroy Merlin ou encore Danone l’ont compris et participent chaque année à l’opération Phénix.
Les entreprises sont plus que jamais dans la nécessité de produire des textes écrits en interne et en externe sur leurs divers canaux d’où la nécessité d’établir une ligne éditoriale.
En finale, c’est l’écrit qui génère les émotions et qui éveille par là même le désir d’aller vers une marque plutôt qu’une autre… Le top management prend enfin conscience de l’impact du langage écrit !
Par: Rayya Laajimi