À la recherche du Chief Happiness Officer

Il était une fois un chief happiness officer, il était souriant et se contorsionnait au quotidien pour rendre tous les employés heureux ; leur bien-être était sa priorité, son champ d’action comprenait le confort plateau, l’organisation de team building, le lancement de challenges dans le groupe, et s’étendait jusqu’aux petites attentions personnalisées pour les anniversaires et les occasions particulières des collaborateurs ….

Le chief happiness officer était la plaque tournante de toutes les informations en interne. On se confiait à lui (elle) en cas de tensions qu’il tentait toujours de résoudre en douceur; bref,  il était à l’écoute de tout le monde sans parti pris, un vrai bouddha !

Non mais c’est qui ce personnage de contes de fée ?

Alors pour commencer, ce poste n’est pas né dans une PME ou dans une boulangerie de coin, il nous vient directement de la Silicon Valley, le profil commence à se propager ensuite en Europe, pour faire « Genre » mais inspectons de plus près ce métier …

Le Chief Happiness Officer marque une transformation dans le rapport à l’employé au cœur d’une approche plus globale de l’individu. Elle est certes plus humaine mais surtout caractérisée par l’effacement des frontières entre les sphères professionnelle et privée.

Selon le site e-marketing.fr, ces dernières années, plusieurs auteurs se sont attachés à démontrer les bienfaits du bonheur au travail : l’Américain Tony Hsieh, avec  L’entreprise du bonheur (2011), le Danois Alexander Kjerulf avec son ouvrage Happy Hour is 9 to 5 (2014) ou encore Laurence Vanhée à travers son best-seller Happy RH, le bonheur au travail (2013). C’est dans cette  mouvance entrepreneuriale  que le poste dédié au «  Bonheur » a vu le jour.

Le Chief Happiness Officer, relais de la culture d’entreprise se meut souvent à la croisée de la communication interne, des ressources humaines et de l’événementiel. Il serait ainsi en charge de l’organisation d’évènements en interne ou en externe, d’animer la communauté, d’assurer un climat communicationnel rassurant et transparent entre collaborateurs et avec la direction, de gérer les tensions en cas de crise… il est responsable de ramener le sourire sur les visages et toutes les astuces sont bonnes pour y parvenir. Le Chief Happinnes Officer se démarque par ses qualités humaines, c’est avant tout une personne créative, altruiste et attentionnée…

Ce poste novateur permet une nouvelle approche de la fonction RH mais attention au casting: introvertis et personnes négatives à bannir !

Pour ou contre la réduction du temps de travail ?

Pendant que certaines personnes croulent sous 40 voire 50 heures de travail, d’autres sont livrées à elles-mêmes sans la moindre ressource et tout ce que cela peut engendrer comme mal être psychologique et social …

La question de la réduction des heures de travail est au cœur du débat économique certes mais elle est aussi au centre d’une interrogation humaniste et sanitaire sur la place du travail dans notre vie actuelle.

Historiquement, La révolution industrielle a été un tournant dans notre rapport au temps de travail en raison de l’augmentation des heures et des jours de travail, sous le contrôle direct des nouveaux entrepreneurs. Edward P. Thompson est l’un des premiers auteurs à avoir examiné le sujet dans son article « Time, Work-Discipline and Industrial Capitalism » (1967).

Pierre Larrouturou, économiste et co-auteur de « Einschtein avait raison, il faut réduire le temps de travail » propose à travers son livre des solutions pratiques à un partage plus équitable du marché du travail.

Dans un débat publié sur Médiapart, Il explique qu’il est possible de faire moins travailler les employés tout en respectant le chiffre d’affaire d’une entreprise, il prend l’exemple de Mamie Nova, qui a pu passer à 4 jours de travail par employé sans baisser les salaires. L’entreprise, elle, reste ouverte 6 jours par semaine, une initiative qui lui a permis d’embaucher 130 personnes de plus,  « ce n’est pas le seul modèle existant si on veut une création massive d’emplois, ça a permis d’améliorer la qualité de vie des employés. Si l’entreprise crée 10% d’emplois en CDI elle bénéficiera d’une exonération de 8% de cotisations chômage » La balance sera donc rétablie.

Pierre Larrouturou pense qu’il ne faut pas  miser sur les élites pour s’en sortir du chômage, il cite  Einstein  qui « avait raison » parce que en 1933, il disait que la crise de 29 venait des gains de productivité par les théories de Ford et de Taylor et proclamait la réduction du temps de travail et la création d’un salaire minimum, mais il disait aussi qu’il « ne faut pas compter sur ceux qui ont créé les problèmes pour les résoudre … ».

Depuis la loi de réduction de la durée légale du travail à 35 heures de Lionel Jospin, la question de la durée de travail hebdomadaire ne cesse de susciter la controverse dans le milieu économique, entre les partisans de l’égalité de droit face au travail et les libéraux d’extrême droite, la question irrite.

Selon Dr Paul Kelley de l’université d’Oxford, avant l’âge de 55 ans, le rythme circadien des adultes ne serait pas en adéquation avec les horaires traditionnels de travail, de 9h à 17h. En obligeant les employés à le suivre, on mettrait en péril leurs performances, leur humeur voir leur santé mentale.

Au British Science Festival, à Bradford il déclare que «Nous vivons dans une société en manque de sommeil. C’est extrêmement préjudiciable pour l’organisme, vous affectez vos systèmes physiques et émotionnels. Votre foie et votre cœur vivent à un certain rythme et vous les privez des deux ou trois heures de repos dont ils ont besoin ».

Une autre enquête aux états unis a été menée auprès de 3000 hommes et 3500 femmes quadragénaires. Elle a permis de démontrer que les facultés cognitives grimpent durant 25 heures par semaine avant de décliner, comme le résume le site Business Insider.

Colin McKenzie, un des auteurs de l’étude et professeur à l’université Keio au Japon relève que travailler plus de 25 heures par semaine pouvait même être nocif pour le cerveau et que les facultés cognitives se détérioraient nettement plus chez les personnes qui travaillent plus de 25 heures par semaine que chez celles sans emploi.

Pour le chercheur, le travail stimule les cellules cérébrales à ses débuts mais le stress psychique et physique finit par anéantir ces bienfaits et se transformer en énergies négatives.

Les jeunes seraient quant à eux plus tolérants et plus réceptifs à des horaires de travail plus prolongés.

Le secret serait donc auprès de la gestion des ressources humaines, plus particulièrement dans un partage du temps de travail plus adapté aux besoins des collaborateurs.

 

Par : Rayya Laajimi